Le film Windfall de Netflix est un parfait Noir de la classe.

Lily Collins, Jesse Plemons et Jason Segel se tenant dans l'embrasure d'une porte dans une photo de production de Windfall sur Netflix.

Vous avez déjà remarqué que les maisons des riches donnent l'impression que personne n'y vit ? Il y a là une qualité étrange, le contraire de la familiarité. Le nouveau film de Netflix, Windfall, s'ouvre sur un long plan du mobilier de la terrasse d'un manoir, tout droit sorti d'un numéro d'Architectural Digest. Les oiseaux gazouillent, les fleurs s'épanouissent, la table basse d'extérieur est une solide dalle de béton. Tout cela sent le luxe. Dans une longue scène sans paroles, nous suivons un homme sans nom (Jason Segel, crédité sous le nom de " Nobody ") qui se promène dans cette magnifique propriété, sirotant un café glacé au bord de la piscine et finissant par entrer dans la maison vide. Les pièces sont aussi chics que le terrain, avec du carrelage espagnol, des murs en plâtre immaculés et des poteries abstraites partout. L'homme a failli partir, mais ne l'a pas fait. Au lieu de cela, il retourne dans la maison et commence à piller. Il attache une Rolex à son poignet, collectionne les bijoux, fourre tout l'argent liquide qu'il peut trouver dans les poches de son pantalon miteux. C'est un cambriolage, mais un cambriolage laconique. Le voleur est sur le point de partir lorsque les propriétaires arrivent pour une escapade romantique de dernière minute. Ils l'attrapent avant qu'il ne parvienne à s'éclipser. Et bien que cet homme soit un amateur total, il empile les crimes les uns sur les autres, prenant en otage le couple bien nanti.

Les propriétaires, un milliardaire de la technologie (Jesse Plemons) et sa femme chic (Lily Collins), tentent de raisonner le cambrioleur, lui offrant tout ce qu'il peut saisir. Ils parviennent presque à le faire partir. Mais lorsque " Personne " soupçonne qu'il a été filmé, il demande assez d'argent pour commencer une nouvelle vie, et le trio doit attendre qu'un demi-million en liquide soit livré le lendemain. Pendant qu'ils regardent l'horloge, le cambrioleur et ses prisonniers se promènent sur le joli terrain ensoleillé, se faufilant dans l'immense orangeraie, s'asseyant autour d'un feu de camp fantaisie et faisant la conversation. Le milliardaire n'arrive pas à croire que son ravisseur est un lourdaud et trouve n'importe quel prétexte pour le harceler. Nous apprenons que l'origine de la fortune du milliardaire est un algorithme de licenciement et qu'il ne s'en veut pas de l'avoir créé ; il ne perd pas de temps à demander au voleur s'il fait partie des malchanceux qui ont perdu leur emploi à cause de son travail. Et le cambrioleur est un lourdaud ; il peine à ouvrir le sac de la femme, ne peut pas garder ses bottes attachées et pique des crises de colère chaque fois que quelque chose ne va pas dans son sens, ce qui est fréquent. Pendant ce temps, alors que la femme joue les pacificatrices entre les deux hommes, elle commence à réfléchir à l'état de son mariage.

Le réalisateur Charlie McDowell excelle à mettre à l'épreuve les couples malheureux lors de retraites prétendument isolées. Dans son film de 2014, The One I Love, un autre mari et une autre femme rencontraient des étrangers inattendus dans une maison de vacances de rêve alors qu'ils tentaient de raviver leur relation. Mais alors que The One I Love avait une tournure de science-fiction, Windfall est propulsé par une crise de la vie réelle : le gouffre béant entre les incroyablement riches et le reste d'entre nous, et l'impossibilité de le franchir indemne. Malgré son cadre rutilant, Windfall a le ton d'un film noir, son histoire étant imprégnée d'un cynisme aussi radical que les vues surplombant son manoir.

En regardant le cambrioleur de Segel se frayer un chemin dans des circonstances de plus en plus sinistres, je me suis souvenu de The Edukators, un drame policier germano-autrichien de 2004 sur un trio de jeunes radicaux qui décident de donner une leçon aux riches en s'introduisant chez eux pour les déstabiliser. Mais alors que The Edukators a de la sympathie pour sa classe défavorisée, Windfall est impitoyable. Il aurait été facile pour ce film de glisser vers un jeu de moralité - un pauvre type vole des trous du cul riches, hourra ! - mais ce n'est pas le triomphe des prolos. Au contraire, c'est un témoignage de l'amoralité de l'univers, un Fargo sans Marge Gunderson en vue. Le cambrioleur de Segel n'est pas un Robin des Bois moderne, c'est juste un imbécile qui a trouvé assez de courage pour commettre un vol et assez de folie pour devenir gourmand et en demander plus. Bien que ses personnages soient présentés comme des archétypes, il n'y a pas de héros ici.

Pendant la première heure, Windfall joue comme une comédie noire. L'ineptie du cambrioleur alimente quelques moments drôles, comme lorsqu'il réclame plus d'argent et demande 150 000 dollars en liquide. Les gens riches qu'il extorque lui disent qu'il lui faudra plus que cela s'il essaie de se créer une toute nouvelle identité. Personne dans le trio ne semble violent, et ils sont tous plus agacés qu'effrayés. La femme de Collins n'est pas tant une innocente piégée qu'une personne réalisant lentement que les termes de son pacte avec le diable n'étaient pas vraiment favorables. Le milliardaire de Plemons, arrogant et méprisant, est techniquement une victime mais si viscéralement désagréable qu'il est difficile d'éprouver de la sympathie lorsqu'il est ligoté et pillé.

Mais les situations de prise d'otages se terminent rarement par une sortie indemne de tout le monde. Je n'en dirai pas plus sur ce qui se passe, si ce n'est qu'il y a une scène, au bout d'environ 70 minutes, qui m'a tellement choquée que j'ai bondi de mon canapé. (Blague à part, il s'agit d'un petit thriller acerbe et méchant. Malgré son ampleur modeste, il laisse un arrière-goût puissamment astringent.

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